Cet article a été écrit pour répondre à un questionnement concernant notre modèle démocratique français et comment le faire évoluer pour obtenir une plus grande implication des citoyens dans la vie politique, "politique" dans le sens relatif à "l'organisation et à l'exercice du pouvoir dans une société organisée."
Il part du constat contrasté :
- d'un éventuel rejet du "politique" par les citoyens
- de la demande forte exprimée par le mouvement des Gilets Jaunes de réinventer un système plus démocratique
- de la constatation que les réformes successives de l'organisation administrative de la France ont concentré les pouvoirs notamment avec la loi NOTRe et éloigner nos concitoyens des centres de décisions.
L'organisation administrative et politique des collectivités territoriales
Pour commencer il semble nécessaire de comprendre l'organisation administrative et politique de la France pour mieux situer les lieux de pouvoir administratif.
Voici quelques liens vers des vidéos qui permettront de s'y retrouver dans les différentes entités administratives et leurs domaines de compétences (bien que certains commentaires puissent être contestables) :
- L'organisation administrative de la France - YouTube
- Loi NOTRe : ce que vous devez savoir ! - YouTube
- Communes et Intercommunalités #CollectivitésTerritoriales E03 - YouTube
- Les différentes intercommunalités #CollectivitésTerritoriales E04 - YouTube
- Décentralisation et déconcentration - YouTube
- La DOUBLE CASQUETTE du Maire - Vidéo Animation - YouTube
- Le CONTROLE de LEGALITE - YouTube
Conséquence des logiques capitalistes à l’œuvre
Les politiques libérales successives ont remis en cause l'égalité des citoyens sur le territoire national :
- avec la casse des services publics et/ou leur privatisation (ex suppression d’hôpitaux de proximité...)
- avec des réformes qui ont éloignées les citoyens des centres de décisions (diminution des prérogatives de la commune au profit d'un échelon supérieur, financements passés par le filtre des régions, de l'Europe...)
- avec l’institutionnalisation et la mise en concurrence des organisations sociales (appels à projet pour les subventions...)
La logique libérale c'est la mise en concurrence des hommes, des organisations, des territoires (devenir attractif mais au détriment de qui?),
c'est :
- offrir des marchés publics à la taille des multinationales pour évincer les PME ou les placer en situation de sous-traitance.
- être le plus gros pour "bouffer l'autre" avant que l'autre ne vous bouffe.
- faire beaucoup de communication pour avoir le "leadership", donc avoir de gros moyens ou de gros appuis dans la presse
Logique qui entraîne une reconcentration des pouvoirs politiques et économiques.
Le malaise créé par ce sentiment de perte de la maîtrise des citoyens sur leurs choix et leur avenir, notamment dans les zones désertifiées ou reléguées a conduit à plusieurs réactions:
- abstention aux élections
- vote Front National
- mouvement des Gilets Jaunes
- émeutes urbaines dans les quartiers défavorisés
- sentiments d’impuissance et renoncement à s'impliquer
- désengagement dans les organisations politiques, syndicales ou associatives
Une participation citoyenne pour quels objectifs ou quels dévoiements ?
Comment avec un tel malaise dans la société continuer "comme avant" pour aller dans le mur ?
La question est de savoir :
- si l'on veut "tout changer pour que rien ne change" et préserver les intérêts de la classe sociale la plus riche,
- ou si l'on veut réellement changer de système en impliquant les citoyens pour que l'intérêt général prime ?
La participation citoyenne suivant comment elle est conduite peut parfaitement s'appliquer dans les deux cas de figure. La démocratie participative peut très bien s'adapter pour substituer du bénévolat à des services publics existant, à ce que les moins pauvre aident les plus démunis managés par des associations ou des sociétés privées de développement social contractualisant leur intervention dans le cadre de marchés publics comme au Royaume-Uni.
Pour approfondir la question, je vous propose plusieurs lectures ou vidéos
- L’empowerment est, en France, une notion neuve. Après avoir étudié aux États-Unis cette conception de la politique publique qui vise à donner du pouvoir aux individus, M.-H. Bacqué mène auprès du ministère de la Ville une mission pour en promouvoir la pratique, avec M. Mechmache d’AC-LeFeu. Les institutions sauront-elles faire confiance à la société civile ?
- Pour une réforme radicale de la politique de la ville-M.H.Bacqué-M.Mechmache.pdf
- Dossier: Le pouvoir aux habitants ? Réformer la Politique de la Ville
- Ça vous regarde - débat sur le rapport Borlo - Emmanuel Macron sera-t-il le "président des banlieues" ? | LCP Assemblée nationale
- Rapport Borlo en intégralité
Les méthodes et outils de démocratie participative dans le cadre municipal
Les méthodes et les outils et leur mise en œuvre vont déterminer s'il s'agit de :
- consulter des citoyens sur une proposition initiale qui pourra être amendée
- co-élaborer un projet
L'influence des réseaux sociaux peut amener à des confrontations stériles, sans arguments de fond.
La possibilité aux habitants donnée de pouvoir envoyer leur proposition ou de répondre à une enquête préparée par un atelier citoyen serait peut-être préférable.
L'utilisation de l'outil informatique (ex. forum) ne doit ostraciser une part de la population qui ne dispose pas du capital culturel nécessaire à sa maîtrise.
La question du vote du projet est compliquée. Sera-t-il réservé au conseil municipal ou une consultation par vote préalable est-elle possible et nécessaire?
Dans ce deuxième cas qui peut voter ?
- les citoyens de la commune désirant prendre part au vote (français ou résidents sur la commune)
- les citoyens qui ont participé aux débats (risque de mobilisation uniquement des contres pour défendre un intérêt particulier)
- un panel d'habitants tirés au sort et préalablement informés des conclusions des débats (arguments pour et contre)