Même si l’approche de scrutins électoraux donnent toujours lieu à des accords tacticiens entre les formations politiques, l’annonce de l’alliance de Gilles Platret, tête de liste Les Républicains pour les élections régionales, avec le parti Debout la France de Nicolas Dupont Aignan n’a rien d’anecdotique. Au contraire, un pas de plus vers l’extrême droite est franchi, et il ne s’agit pas de simples calculs politiciens comme l’assume crânement Gilles Platret dans un communiqué destiné à son propre camp. Au sein de sa famille politique, les démissions se succèdent tant l’alliance paraît choquante. Elle l’est. Pire, elle est inacceptable et irresponsable.
Attardons-nous un peu sur le parti Debout la France et son principal représentant : Nicolas Dupont-Aignan. L’histoire politique récente retient qu’il s’est allié à Marine Le Pen pour les présidentielles de 2017. Mais depuis son émergence en 2008, cet ancien mouvement issu de la droite républicaine, devenu avec le temps eurosceptique, nationaliste et réactionnaire entend se positionner de façon pour le moins originale. Prenant exemple sur Napoléon et certaines de ses mesures prises envers les Juifs, Nicolas Dupont-Aignan avait proposé de rétablir en France un pacte d’assimilation inspiré du questionnaire de Napoléon aux Juifs de France en 1807 afin de soumettre les imams à un questionnaire de compatibilité républicaine pour avoir le droit d’exercer leur mission cultuelle. Il y a peu, Nicolas Dupont-Aignan souhaitait encore rétablir le bagne de Cayenne, fondé par l’empereur… Sans trop s’étendre sur le personnage, on peut y voir sans peine quelques accointances idéologiques et admirations communes avec Gilles Platret. Le maire de Chalon-sur-Saône est lui-même de plus en plus identifié à la droite de la droite et cette alliance n’est pas seulement le fait de stratégies de campagne mais bel et bien la marque d’une idéologie nauséabonde, nationaliste et identitaire que revendique de façon de plus en plus arrogante une partie de la droite libérale. Libérale décomplexée, elle devient une droite radicale et par de telles alliances se fourvoie avec l’extrême droite. La porosité entre Debout La France et le Rassemblement National est incontestable. Debout La France compte dans ses rangs beaucoup de transfuges du RN dont Antoine Lepetit, ancien cadre RN, nommé à la tête de la liste départementale de la Nièvre par Gilles Platret, sans compter l’investiture pressentie de Lilian Noirot (ancien RN, devenu Les Patriotes, actuellement au parti DLF) pour compléter la liste des colistiers du candidat à la Région.
Le plafond de verre est brisé ! Les alliances avec l’extrême droite, impensables il y a encore peu, se banalisent ici avec toute la morgue que l’on connaît au Maire de Chalon-sur-Saône. Bon communicant, friand des plateaux de télévision, son ambition personnelle ne s’embarrasse pas de morale politique. D’ailleurs, Il serait intéressant de connaître les différentes postures de ses amis qui siègent dans sa majorité au Conseil Municipal et au Grand Chalon, en particulier le Président du Grand Chalon, Sébastien Martin. À moins que leur arrivisme, ne leur enlève également toute morale..
Entre la droite libérale et l’extrême droite, ce ne sont plus des passerelles qui se construisent avec cette entente mais des ponts, des ponts dangereux pour celles et ceux qui ont la mémoire courte, des points de passage pour les Loups. Celui que l’on surnomme le « petit Ménard de Chalon sur Saône » ne serait-il pas en train d’expérimenter localement une future stratégie d’alliance des LR avec l’extrême-droite nationaliste et identitaire ?
Comme au Brésil, les grandes fortunes françaises tenants du système capitaliste n’ont d’autres choix que le recours en dernier lieu de l’extrême droite pour maintenir ou accroître leur pouvoir de domination et d’exploitation sur 90 % de la population mondiale. Pour masquer leurs responsabilités dans l’accroissement de la crise sociale et écologique, le discours sécuritaire et raciste peut faire diversion.
En décembre, à Chalon même, à la fin d’une manifestation des militants du Collectif Chalon Solidarité Migrants dont 2 communistes se sont fait agressés par des nervis d’extrême droite (lire l'article)
En janvier le PCF du Grand Chalon a lancé un appel citoyen pour construire une alternative à cette politique menée par M. Platret. Le collectif citoyen "Le Printemps Chalonnais" s’est constitué suite à cet appel.
Pour les élections départementales le Printemps Chalonnais présentera des listes sur les cantons de Chalon 1, Chalon 3 et Saint-Rémy.
Dans ce contexte, le PCF du Grand Chalon regrette d’autant plus que l’ensemble des forces de gauche du Chalonnais n’aient pas souhaité se rassembler pour les élections départementales.
Fidèle à ses engagements, le PCF sera toujours présent dans les combats pour la démocratie et contre l’idéologie portée par l’extrême droite et ses nouveaux soutiens.
Fait le 8 mai 2021