Appel des organisations du Bassin Miniers
Une lente dérive autoritaire et liberticide dont il faut impérativement mesurer la gravité s’est saisie du pays sous commandement de ses classes dirigeantes et possédantes. Le phénomène n’est guère nouveau, mais la présidence d’Emmanuel Macron le porte à son point culminant.
Toutes les lois récentes et en discussion sont marquées du sceau de la réaction anti sociale et antidémocratique.
Si l’on remonte dans le temps, fin 19è, cinq années durant vont voir naître de grandes lois de liberté qui offrent un cadre juridique aux droits proclamés en 1789. La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et qui régit la liberté d’expression en France fait partie de celles-ci. En supprimant notamment l’autorisation de publication préalable à laquelle était soumise la presse, elle permet une respiration démocratique nouvelle dont se saisiront socialistes, démocrates et républicains.
C’est précisément cela que souhaite défaire le gouvernement avec l’article 24 de son projet de loi dit de « sécurité globale » qui réaffirme, 140 années plus tard, une volonté de contrôle a priori de la presse, mais aussi des opinons exprimées dans l’espace public ; en l’occurrence pour protéger les forces de police qui offrent pourtant régulièrement la preuve de l’absolue nécessité d’être placées sous contrôle citoyen.
Comment en douter après cette vidéo du passage à tabac – digne de la police de Papon ? Le pouvoir s’attaque aux fondamentaux de la République : libertés communales défaites par l’assèchement des ressources fiscales et le retrait des compétences, libertés d’expression et d’information soumises à des empêchements préalables, libertés syndicales passées au broyeur des lois dites Travail affaiblissant les salariés face au capital, liberté de manifestation gravement compromise, laïcité transformée, réorganisation territoriale fondée sur les exigences du capital, maire placé sous tutelle des préfets, etc.
Aujourd’hui la logique même de l’homme providentiel a du plomb dans l’aile : à défaut d’être, le président joue. Il joue au père de la Nation avec de grandiloquents et cajoleurs discours. La fuite en avant autoritaire est son seul recours. Et cela tombe bien, les institutions le lui permettent.
C’est à l’Elysée que tout se décide avec une armée de conseillers/experts notamment ceux du Conseil de défense qui prennent les décisions dans les sous-sol du palais présidentiel. Le peuple est infantilisé et désarmé. Et s’il ne comprend pas les réformes qu’on lui impose contre sa volonté, c’est par défaut de « pédagogie ». Elles lui seront de toute façon imposées. »
Dans un appel confié à Mediapart, 33 personnalités de la société civile ayant voté Emmanuel Macron en 2017 lui demandent le retrait de projets de lois qui font « Reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation ». Ils demandent avec force et gravité d’interrompre cette course à l’abîme. Le Député de notre circonscription, Raphaël Gauvain, qui a voté la loi en première lecture devrait s’en inspirer.
Citoyennes, citoyens, cette grave dérive nécessite la mobilisation la plus large. Les organisations qui appellent et soutiennent cette manifestation ne sont plus sur la révision ou la suppression de l‘article 24, mais pour l’abandon pur et simple du projet de loi « Sécurité Globale ».