Il semble que les notions arithmétiques de M; Blanquer soient quelque peu "bricolées" pour les besoins d'une logique économique : faire revenir les enfants à l'école .
C’est la surprise du chef ! Publiée le 3 mai, avec deux jours de retard, la version définitive du protocole sanitaire national, qui doit permettre la reprise des cours, a été modifiée par rapport à la version provisoire (extrait article d'Olivier Chartrain Journal l'Humanité)
Distanciation : les faux calculs
Au départ, les effectifs des élèves devaient être, au maximum, de 15 par classe en collège et en primaire, et de 10 en maternelle. Sans doute pour répondre à tous ceux qui réclamaient de prendre exemple sur la Belgique qui a fixé une norme de 4 m 2 au minimum par élève, le protocole définitif détaille la manière de déterminer la capacité d’accueil de chaque classe. Et reprend finalement la norme belge… mais en l’accommodant à une sauce bien particulière, puisqu’il peut être fait exception pour les élèves « placés, dans la configuration de la classe, contre un mur, une fenêtre, une bibliothèque, etc. ». Moyennant quoi, poursuit le texte, « une salle de 50 m² doit permettre d’accueillir 16 personnes », soit 15 élèves et un enseignant (notons au passage que la présence de personnel non enseignant, Atsem ou AVS, n’est pas prise en compte !). Seize personnes, 4 m 2 chacun : cela fait 64 m 2, et non 50. Et le protocole n’explique pas où sont passés les 14 m 2 manquants… Visiblement, ce qui prime, plus que la justesse ou la crédibilité du calcul, c’est la volonté de mettre un maximum d’élèves dans les classes. Là encore, au mépris de toute prudence sanitaire.
Port du masque : obligatoire, mais pas trop
Dans la première version du protocole, les choses étaient assez claires. Le port du masque « grand public » (lavable) devenait obligatoire pour tous les adultes, de la maternelle au collège. Leurs employeurs, État ou collectivités locales, devaient fournir ces masques à partir du 11 mai. Pour les élèves, il était obligatoire au collège, facultatif en élémentaire et interdit en maternelle. Le revirement opéré dans le texte définitif est notable : hormis en maternelle, le masque n’est plus obligatoire, mais seulement « recommandé » pour les adultes… sauf « dans toutes les situations où les règles de distanciation risquent de ne pas être respectées », à savoir « pendant la circulation au sein de la classe ou de l’établissement, ou encore pendant la récréation ». Côté collégiens, même transformation : le masque n’est plus obligatoire que dans les situations « à risque ». La mention de la date du 11 mai pour la fourniture des masques disparaît également, comme si le gouvernement prévoyait qu’il ne pourrait pas tenir cette date… même si Jean-Michel Blanquer réaffirmait, le 2 mai, que ce serait bien le cas. Pourtant, aucune nouvelle donnée médicale ne semble justifier l’allègement du port du masque. C’est juste un obstacle en moins sur le chemin de la réouverture ; mais c’est une prise de risque de plus pour la santé des élèves et des professionnels.
La cantine revient au menu
Pour éviter la réouverture des réfectoires, lieux éminemment complexes à gérer dans un contexte épidémique, le protocole recommandait initialement que les élèves prennent leur repas de midi dans les salles de classe, laissant aux collectivités locales le choix de fournir les repas (froids) ou de demander aux familles de les fournir. Le texte définitif inverse cette recommandation : c’est à présent la réouverture des cantines qui prévaut, la prise de repas froids en salle de classe n’étant plus envisagée qu’en cas « d’impossibilité de restauration dans les lieux habituels dans le respect des prescriptions » sanitaires. Ce revirement donnera satisfaction à tous ceux qui, avec raison, soulignaient l’importance du repas pris à la cantine pour les enfants issus de familles défavorisées. En revanche, il ne simplifiera pas la tâche des collectivités locales, qui vont devoir assurer à nouveau la restauration, sans plus de moyens – notamment en personnel – et avec des procédures sanitaires encore plus complexes. Ce que ne compensera pas le léger allègement au niveau de l’entretien, puisque les tables, chaises et autres objets n’auront plus à être désinfectés après chaque utilisation – ce qui était parfaitement lunaire.
Pas plus réaliste dans son application et moins sûr sur le plan sanitaire, ce protocole, dans sa version définitive, aura fort à faire pour convaincre tous ceux – profs, parents, élus… – qui, de plus en plus nombreux, refusent une reprise le 11 mai.
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